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HORIZON ET QUESTIONNEMENTS SUR L’ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE ET SOCIALE DES PROPOSITIONS DE MATÉRIAUX NATURELS DANS LA CONSTRUCTION

Responsable scientifique : Jean-Philippe COSTES

L’objectif est de questionner l’intérêt des matériaux d’origine naturelle, notamment biosourcés et géosourcés, au regard des situations actuelles de crises environnementales, climatiques, énergétiques et sociales.

Les propriétés physiques des matériaux bio sourcés et géosourcés ne sont plus à démontrer : leurs natures capillaires notamment, variables selon les matériaux, et leurs comportement vis-à-vis du transfert de vapeur d’eau en font des solutions qui peuvent répondre : aux attentes de confort – plus particulièrement pour le confort d’été par la régulation hydrique des ambiances, à une contribution au stockage et déphasage thermique par l’inertie apportée aux parois (notamment pour les géo sourcés). Notons cependant que la mise en œuvre des matériaux biosourcés, matériaux issus du vivant, et des géosourcés exige une vigilance particulière sous peine de ruiner l’intérêt qu’ils apportent au projet, voire affecter lourdement la durabilité du bâti.

Il ressort pourtant que l’éventail de propositions de matériaux d’origine naturelle aujourd’hui offerts aux concepteurs-prescripteurs explose ; les arguments sur lesquels s’appuient les qualités de ces matériaux vont, selon les cas, mettre en avant :

  • leurs faibles énergies grises, c’est-à-dire l’énergie ‘non utile’ consommée dans l’extraction, la production, le transport, la mise en œuvre puis la déconstruction. Dans certains cas, il peut s’agir de matériaux issus de la filière de réemploi ;
  • leurs imbrications dans une économie circulaire et sociale ;
  • leurs origines locales ;
  • une limitation ou idéalement une absence d’additifs de synthèse afin de répondre aux exigences réglementaires (comportement au feu, fongique, de process) ou de tenue dans le temps (liants, colles).

La plupart de ces données et indicateurs sont à ce jour connus et largement diffusés au travers notamment des fiches FDES (Fiche de déclaration environnementale et sanitaire). Ces données sont déclaratives et s’entourent d’hypothèses de calcul qu’il convient de bien examiner au regard de la nature du service offert par la mise en œuvre d’un matériau : l’unité fonctionnelle (UF) établit un comparatif entre matériau à service rendu égal. À titre d’exemple, on ne peut comparer de façon pertinente l’énergie grise de matériaux isolants qu’à la condition de considérer une résistance thermique de paroi égale.

Il s’agit donc de questionner les données environnementales des matériaux d’origine naturelle en étendant la notion d’unité fonctionnelle aux caractéristiques souhaitées et au service rendu par la mise en œuvre d’un matériau en prenant en compte :

  • la durée de vie de la construction ;
  • à l’image de la conductivité thermique, les propriétés physiques telles que l’inertie, la résistance à la diffusion de la vapeur d’eau ;
  • l’impact social ;
  • la modularité et la possibilité future de réaffecter le bâti à un nouvel usage : démontabilité, séparation des matériaux en vue d’un recyclage et/ou de la fin de vie ;
  • la contribution au confort d’usage : acoustique, thermique, visuel.